Bouwdata

Il arrive plus d’une fois que le maître d’ouvrage découvre, lors de l’appel d’offres, que son budget est insuffisant pour le projet de rêve que son cabinet d’architectes enthousiaste a élaboré. Pour mettre fin à ces frustrations des deux côtés de la table, il y a le BIM 5D. Mais comment le mettre en pratique ?

Tout d’abord, nous devons éviter de mettre le chaos actuel en matière d’information et de gestion des coûts entre les mains des seuls informaticiens. De la même manière que le secteur comptable a eu un plan comptable avant que les différents développeurs de logiciels ne se mettent au travail. Dans le secteur de la construction, depuis quelques années, tous les ingrédients – lire standards et normes – se sont suffisamment stabilisés pour créer un système de conventions global. 

Sa colonne vertébrale est la norme ISO 12006-2:2015 Construction immobilière – Organisation de l’information des travaux de construction – Partie 2 : Cadre pour les classifications. En fait, aucun gestionnaire de l’information et des coûts dans le secteur de la construction ne devrait se promener sans connaître cette norme ISO sur le bout des doigts !

Il existe plusieurs interprétations de cette norme : SfB, CCS, Uniclass, Omniclass. Mais cela ne suffit pas. Après cela, nous ajoutons quelques autres normes qui sont au moins aussi nécessaires.

En ce qui concerne le processus de construction, je pense que le  RIBA1 plan of work 2020 du Royaume-Uni est le plus approprié. Il commence par un tableau où chaque colonne est une « étape ».

1 Royal Institute of British Architects

L’étape 1 0 Strategic Definition  est en quelque sorte le « tour de piste ». Le véritable travail commence à l’étape 1 – Preparation & Brief.

A cette étape, il est préférable de créer d’abord un modèle volumétrique qui, par le biais d’une estimation, sera testé par rapport aux ressources financières disponibles.

La norme à consulter est la NEN 2699:2017 Coûts d’investissement et d’exploitation des biens immobiliers – Définitions et classification. Cette norme comporte des notes explicatives et un tableau au format Excel qui se déploie sur 6 niveaux. Au niveau 3, vous trouverez les « clusters d’éléments ».

Une telle estimation est donc réalisée sur la base des prix unitaires2 des clusters d’éléments déterminés à partir de projets antérieurs. Notez que les projets ne doivent pas nécessairement être similaires, mais les clusters d’éléments doivent l’être.

Par exemple, pour le groupe d’éléments B1A Fondation, il pourrait y avoir une « liste à cocher» :

• dalle de fondation générale
• Cuve étanche avec 1 /2 /3 niveaux souterrains
• Fouille et/ou socles de fondation et dalle sur pleine terre
• faux puits
• Colonnes ballastées
• fondation sur pieux à refoulement
• fondation sur pieux avec déblai 
• murs de pieux
• Murs emboués
• ancrages de sol
• reprise en sous-œuvre
• abaissement de la nappe phréatique

1 Je retiens ici très explicitement le terme anglais de la norme par opposition aux phases [P] ou aux sous-projets spécifiques au projet qui doivent être réalisés chronologiquement.

2 Les prix unitaires (KKG) sont des coûts caractéristiques par unité de coûts pour l’ensemble de la structure, une partie spatiale de celle-ci, un cluster d’éléments, un élément ou une unité fonctionnelle (composant).

Belle théorie, mais qu’en est-il dans la pratique ?

J’ai la chance d’avoir des adeptes de la première heure. Pour le nouveau bâtiment AZ St Maarten à Malines, un projet de VK Architects & Engineers, nous avons collecté ces prix unitaires après l’achèvement des travaux. Bimplan les a illustrés et ils ont été présentés au public lors d’un symposium au printemps 2019.

Tout au long du contrôle budgétaire, y compris le traitement des travaux en plus ou en moins, nous avons veillé à relier tous les coûts au bon cluster d’éléments. Nous disposions donc, en plus du modèle tel que construit, des montants totaux de :

• B1A Fondation
• B1B Squelette
• B1C Toiture : construction non-portante / finition
• B1D Façade : construction non-portante / finition
• Etc.

Bimplan a dérivé un modèle de masse approximatif du modèle as built et en a extrait les quantités nécessaires conformément à la norme NBN EN 15221-6 Facilities Management – Partie 6 : Mesures des surfaces et de l’espace en Facilities Management.

Si vous regardez cette volumétrie par en dessous, le Building Footprint sera constituée de la somme de toutes les surfaces visibles.

A l’aide de l’IA, vous pouvez construire des lignes de tendance pour chaque groupe d’éléments qui vous permettront de tester cette première étude de masse par rapport aux ressources financières disponibles en un rien de temps dans les projets ultérieurs. En collaboration avec AZ St Maarten, un ensemble de données complet au niveau du cluster d’éléments est désormais disponible. Le monde hospitalier fait preuve de solidarité et partage ses connaissances. À l’UZ Gent, avec VK Architects & Engineers comme équipe de conception, Bimplan comme consultant en modélisation 3D et PB calc & consult comme contrôleur budgétaire, ces connaissances sont maintenant utilisées avec gratitude.

VK réalise ses conceptions avec les outils adéquats pour communiquer ses idées au client MAIS réalise en même temps une étude de masse répartie en macro postes, ce qui nous permet de chiffrer rapidement les options proposées, grâce à un ensemble de prix unitaires du projet AZ St Maarten, correspondant à chaque zone et chaque cluster d’éléments.

Glenn De Hondt de VK l’explique comme suit : « Au début, cela m’a semblé assez complexe et trop fouillé, mais une fois que j’ai vraiment approfondi dans méthodologie et la manière dont tout est structuré, j’ai dû admettre que le système de Peggy était sacrément bien pensé. […] Pour nous, en tant que concepteurs, c’est un énorme avantage que Peggy nous confronte à l’impact budgétaire dès le début de la conception, dès que les premières grandes lignes sont dessinées. Grâce à la méthode BouwData, vous obtenez une première estimation, déjà assez correcte, dès les contours, et vous rapidement passer à des choix de conception alternatifs.

Cela peut sembler une entrave au processus de conception, mais rien n’est plus ennuyeux que de devoir revoir son travail après des jours, des semaines ou des mois parce qu’il s’avère que l’on n’était pas tout à fait sur la bonne voie pour atteindre le budget établi, et qu’on avait présenté une image erronée au client.

Puisque Peggy utilise les données issues d’un modèle BIM, elle peut également rapidement indiquer l’impact budgétaire de certains changements ou choix de conception. Jusqu’à présent, l’IA s’est limitée à l’excellente coopération entre tous les cerveaux de l’équipe susmentionnée, mais à mesure que le soutien au contrôle professionnel des coûts et la volonté de travailler dans le respect des normes et des standards augmentent, nous pouvons envisager de développer également une véritable IA.

En attendant, il existe un poster en format A3 qui donne un aperçu de toutes les normes et standards qui forment ensemble un système de calcul pour le secteur de la construction. Ce poster peut être obtenu gratuitement en envoyant un courriel à info@bouwdata.net.